Initiative chiite élargie contre le Hezbollah

نداء الدولة

Une initiative souverainiste inédite au sein de la communauté chiite a pris forme hier. En gestation depuis près de huit mois, cette initiative rassemble un nombre jusque-là inégalé de personnalités chiites indépendantes, tous parcours politiques confondus (ex-communistes, ex-Hezbollah, intellectuels, acteurs de gauche, libéraux, Renouveau démocratique, familles politiques chiites traditionnelles, anciens responsables municipaux évincés par les forces de facto…). Leur objectif commun : l’émancipation citoyenne, qui implique un affranchissement de « l’oppression (…) du mini-État » du Hezbollah et le dépassement parallèle du règne des « partis politiques communautaires fromagistes ».

Réunies à l’hôtel Monroe à Beyrouth, ces figures chiites indépendantes ont adressé aux Libanais un appel « fédérateur » à construire « un État civil fort et souverain » et « une citoyenneté libre ».
Se présentant comme « Libanais, citoyens, démocrates (…), libres », et surtout comme « Libanais en premier, chiites en second », les démocrates ont défendu le même axiome : « Le changement sur le terrain chiite est le pivot du changement à l’échelle de tout le Liban », selon le texte de l’appel.

Et ce changement serait le produit « de la culture du refus de l’injustice et de la soumission à l’oppresseur, du refus de la discorde et des anathèmes au service de quelque autorité tyrannique, quelle que soit l’étendue de sa puissance, et enfin du refus de toute légitimité qui n’est pas celle de l’État ». La volonté de tenir tête au règne des armes illégales est doublée d’une déclaration solennelle d’allégeance exclusive à l’État libanais.

Formulée par des chiites indépendants représentatifs de plusieurs courants de pensée, cette déclaration est une première remise en question collective des armes du Hezbollah au sein de sa propre communauté.
Le texte souligne que « la responsabilité est partagée entre Libanais et chiites (…) de mettre fin au monopole de la représentation chiite au pouvoir et d’élargir cette représentation au profit de l’émergence d’un espace civil plus large ».
Mais il laisse entendre que seule une autonomisation chiite interne, et non le ralliement individuel de chiites démocrates à des mouvances nationales réformistes, serait à même de lever le monopole qu’exerce le Hezbollah sur sa communauté.

Les chiites indépendants se sont en effet démarqués de toutes les initiatives menées « au cours de la décennie écoulée » pour circonscrire l’intimidation par les armes. « Différentes parties et forces politiques ont mené des tentatives stériles d’asseoir des compromis entre la logique de l’État et la non-logique du mini-État et de délier la situation au Liban de la crise régionale. Mais ni la politique de distanciation, ni la neutralité du Liban, ni l’engagement en faveur des résolutions internationales n’ont porté de fruits. Au contraire, le processus s’est accentué, entraînant la communauté (chiite, NDLR) toute entière vers “un désert de perdition politique et culturelle au service d’agendas régionaux” », selon le texte, qui se réfère à la guerre en Syrie et aux dangers du clivage sunnite-chiite qui l’alimente.

Le texte semble défendre une opposition de l’intérieur de la communauté chiite face au Hezbollah comme préalable à la lutte contre ce parti. Mais il suggère aussi que cette lutte est le préalable nécessaire à la démocratisation du système. « Il serait utile de voir les élites politiques se renouveler à l’échelle du pays. Mais à défaut d’une meilleure représentativité chiite, toute avancée au niveau des autres terrains (communautaires, NDLR) serait réduite à n’être que partielle, isolée et peu porteuse », note-t-il.

Ce sont donc aux prochaines législatives que ces démocrates chiites entendent affirmer leur autonomie par rapport au Hezbollah, mais aussi à l’establishment politique. « La responsabilité de la paralysie institutionnelle et de la faillite économique incombe à différents degrés à toutes les forces politiques, aussi bien du pouvoir que de l’opposition », ajoute le texte.

À L’Orient-Le Jour, Harès Sleiman, qui a donné lecture du document à l’issue de la réunion, minimise la possibilité d’alliances électorales avec des listes de l’opposition. Il y aurait une « spécificité chiite » qui doit s’exprimer, pour la première fois, à travers la formation de listes opposées au Hezbollah que ce soit dans ses fiefs ou dans l’ensemble du pays, affirme-t-il.

Parmi les participants à la réunion d’hier : Ali el-Amine, Ghaleb Yaghi, Malek Mroué, Harès Sleiman, Mounif Faraj, Khalil Kazem el-Khalil, Abbas Zaki Ismail (ancien président du conseil municipal de Brital proche du cheikh Sobhi Toufaily), Youssef Mortada, Sami Jawad, Mohammad Jomaa, le cheikh Abbas Jawhari, Lokman Slim, Imad Komayha, Mona Fayad, Moustapha Fahs, Hoda el-Husseini, Ahmad Ismaïl, Mohammad Barakat, Ahmad Ayache et Ali Moqdad.

 

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